8.
La MALÉDICTION des SENS.
Nouvelles
Ésotériques.
« Je ne
crois que ce que je vois, je suis comme Saint Thomas »
« Je crois
en la science et en ce qui s’explique »
« Je suis
cartésienne »
C’est tout moi !
Et pourtant, il m’est arrivé des
« trucs bizarres », des événements inexplicables, des hasards
curieux.
En général, je n’en parle pas. Je ne
peux les expliquer donc je les tais.
Parfois, l’une, l’un ou l’autre me
raconte des «aventures
étranges » des coïncidences
curieuses… alors, je fais la détachée.
Mais, au fond, je suis remuée, mes convictions sont ébranlées
et ma perception de la réalité malmenée.
Pour ce livre, j’ai accepté l’inacceptable.
J’ai accepté de voir, d’entendre ou de
ressentir les choses insolites que je vivais, que j’avais vécues ou qu’on m’avait
racontées.
Et j’ai écrit….
Toutefois, tu le sais, toi lecteur, il
ne faut jamais oublier, que pour cet
ouvrage, comme pour les précédents, je suis écrivain, ou plutôt « écrivaillonne», et que mes
récits mêlent souvent réalité et fiction.
Dans ces nouvelles, que j’ai nommées
« ésotériques » (le mot « fantastique est trop galvaudé de nos
jours), les faits narrés sont extrapolés ou réinventés mais chacun a un fond de
vérité !
Toi aussi, lecteur, tu vas y trouver des
faits que tu as vécus, ou dont tu as entendu parler…
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Extrait 1. CARMEN.
[...] Je sens qu'une vie nouvelle me submerge, mais la mort
rôde en moi. Surprenant paradoxe qui m'ébranle.
Je pose mon
corps sur un banc, et s’envole mon esprit en nostalgie.
C'était une belle journée estivale de juin 2008...au
goût étrange, mystique.
Carmen avait
dix ans, moi quatorze. Ce parc était notre jardin. Il proposait de nombreux de
jeux pour les enfants, et puis, nous y retrouvions souvent nos amies d’école.
Nous quittions
toujours la maison sous les conseils de notre mère :
- Et surtout pas d'imprudence, les filles. Adeline je
te confie ta sœur, et vous rentrez vers dix-huit heures. D'accord ?
- Ouais m’man ! Braillions-nous en chœur, en déboulant
les marches de l’appartement.
Ce mercredi, il faisait très beau. Très chaud. Les
vacances approchaient et la nature le pressentait, les enfants aussi.
Entre les
barres parallèles, les hauts toboggans ou le cache-cache, Carmen se démenait
comme une petite folle !
Moi, je papotais sur un banc avec mes copines du
collège. Les inévitables conversations adolescentes sur les garçons ou les
profs...Du coin de l’œil, je surveillais Carmen. Depuis sa naissance, je suis
LA grande sœur, LA responsable....
Elles étaient trois fillettes à passer d'un jeu à un
autre. Je remarquai, sur le banc proche de leurs jeux, une mamie qui les observait
très attentivement. Ou plutôt, elle ne les quittait pas des yeux !
En fait, c'est Carmen qu'elle zyeutait, cette
femme !
De temps en temps, elle plissait un peu plus les rides
de son visage, et son expression devenait d'une absolue tristesse. J’étais très
intriguée. Parfois, elle prenait sa tête entre les mains, et restait ainsi un
moment, d'autres fois, elle souriait en l'air, aux nues !
Notre mère nous a toujours enseigné la méfiance envers
les inconnus, mais cette dame âgée ne m’effrayait pas. Elle m'intriguait !
Preste, elle intercepta ma sœur qui passait près
d'elle en courant. Elle s'adressa à elle. De loin, je vis Carmen, tranquille,
qui lui répondait gaiement.
Le regard de
la vieille s'éclaira soudain, et un sourire énigmatique embellit ses traits
fripés. De quoi parlaient-elles?
Je souhaitais en avoir le cœur net. Je m'approchai
d'elles.
- Je m'appelle Carmen, rétorquait ma sœur à la
question posée.
Le visage de la femme se métamorphosa comme si un
fantôme lui était apparu. L'enfant ne saisissait pas ce qui se passait, et répétait,
je m'appelle Carmen et j'ai 10 ans !
- C'est étrange....Vraiment étrange...murmura la
vieille dame, pensive, tu es vraiment jolie, tu sais, tu me rappelles quelqu'un
que j'ai bien connu.
L'enfant, rattrapée par ses camarades, délaissa les
propos énigmatiques de la femme et s'en retourna jouer, insouciante.
Le visage
chiffonné se tourna alors vers moi et, je découvris des yeux bleus perçants qui
me scrutaient avec acuité.
- Je sais que ma
question va te paraître curieuse, mais, tu peux me donner la date de naissance
de ta petite sœur. Je t'expliquerai ensuite.
- Ben, si vous voulez....mais, pourquoi....je sais pas
trop...
- N'aie pas peur de moi, Petite, c'est juste une
question pour satisfaire une vieille curieuse !
- Alors…Elle est née le 21 mars 1998 à Saintes....Je
répondis vite en mangeant à moitié mes mots. Je n’étais pas rassurée mais
j'ignorais pourquoi…
La vieille
se tint la tête et, les yeux fermés, s'affaissa doucement. Je m'assis près
d'elle sur le banc, et la retins.
- Madame, Madame....
Je la sentais
s’évanouir. Elle n’allait tout de même pas mourir là ! J’étais affolée. Je
criai « au secours »....Mon hurlement la ramena au présent. Elle
rouvrit ses grands yeux profonds, et me murmura :
- Ça va, petite, ça va mieux....Merci. Je vais rentrer
chez moi maintenant pour me reposer. Je reviendrai samedi, et je te raconterai.
Une fois, la petite vieille partie, j’avais rejoint
mes copines afin de leur relater l'aventure. Il me tardait d'être au samedi
pour avoir le fin mot de l'histoire. J'avoue que ma curiosité toute féminine
avait été exacerbée par cette rencontre singulière. [...]
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EXTRAIT 2. DERRIERE LE MIROIR.
[...] Marwa entre, toute fraîche et pimpante, dans ma
chambre. Elle apporte un parfum doucereux de fleurs de cactus, très tunisien,
qui rappelle mon N°5.
-Bonjour Inès, madame Marot.
Avez-vous fini par dormir cette nuit ? J’ai parcouru le rapport de ma
collègue de nuit. J’espère que ce n’est qu’un mauvais souvenir maintenant.
Allez ! On enlève une partie des bandages, ce matin…
Je ne devine qu’une partie de ses paroles.
Il me semble qu’elle m’a appelée Inès, le prénom de ma
mère. Il est vrai que mes oreilles sont partiellement couvertes de gaze.
J’évite de lui faire remarquer, et je pense que mon ouïe me fait autant défaut
que ma vue.
-J’ai tenté de me voir dans le miroir hier soir…Oui,
je sais, le chirurgien me l’avait interdit…
Et ben, ce n’est pas très beau, ni très convaincant. J’ai un peu la frousse de ce que je vais découvrir.
Et ben, ce n’est pas très beau, ni très convaincant. J’ai un peu la frousse de ce que je vais découvrir.
Elle me rassure à nouveau.
La surprise, aujourd’hui, ne sera que partielle. Il
faudra attendre cinq à six jours pour avoir un réel aperçu de l’ensemble.
Après m’avoir ôté quelques pansements du visage, et
surtout de la bouche, elle me conseille d’éviter les miroirs….et m’apporte,
enfin, un vrai repas, le petit-déjeuner. Le plateau est fort appétissant. Une
grande tasse de café noir fumant, quelques tartines grillées, petites portions
de beurre et confiture, et, belle surprise, un croissant encore chaud !
Requinquée par la collation, je me sens bien.
La fenêtre restée ouverte toute la nuit, m’envoie
maintenant une luminosité excessive, malgré l’heure peu avancée de la matinée.
Les sons qui parviennent à mes oreilles confortent ma soif d’activité. Tout est
vie en ce début de journée !
Une toilette succincte, douche interdite, me redonne
une touche de zèle. Pourtant, le miroir, que je défie sans m’approcher, me
dévoile un visage que je ne reconnais pas. Les ecchymoses s’étalent partout, la
peau est rougie par les étirements, les travaux du bistouri, les marques des
interventions.
L’image réfléchie par la glace m’effraie. Je plisse
les yeux pour percevoir mieux, et comprendre.
Mon absence de lunettes est-elle responsable de cette
vision ?
Je fuis ce désarroi intérieur et m’habille, avant de
me faire accompagner enfin vers mon luxueux hôtel.
Je retrouve la chambre découverte la veille, fraîche
et paisible. Je suis chez moi.
Mes vêtements sont rangés dans la commode ultramoderne gris
métallisé très design, qui fait face au lit, et sur laquelle trône un
magnifique bouquet multicolore de fleurs exotiques, oiseaux du paradis et
fleurs de cactus.
A cette saison, la clim est parfois utile,
mais, là, c’est la porte-fenêtre donnant sur la terrasse qui est grande
ouverte, offrant à mes narines
endolories des odeurs sucrées, à mes oreilles accablées de joyeuses sonorités africaines.
Je poursuis ma découverte de la pièce.
Je constate avec surprise, mais compréhension, que la chambre ne dispose ni de
miroir, ni de psyché à disposition du
client.
Comme
une petite fille curieuse et désobéissante, je me précipite vers la salle
d’eau, à ma droite.
Pas
un cabinet de toilettes ! Une vraie salle de bains, à la spacieuse douche
italienne à deux et même trois places, à la vasque très actuelle rouge, posée à
même le plan de granit souris, aux toilettes indépendantes.
Je
l’ai aperçue hier en entrouvrant rapidement la porte.
Un
puissant arôme de vanille m’enivre tandis que je me dirige vers la glace
illuminée.
A
une bonne distance, le visage couvert de bleus ne ressemble guère au mien. La
touffe cheveux qui l’encadre m’apparaît à la fois blanchie et épaisse. Les
yeux, la bouche, les oreilles ne m’appartiennent pas, et pourtant, je les
reconnais.
Prestement,
je me sauve de ce lieu que je perçois, soudain,
maléfique.[...]
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